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Recherche et développement: pas sûr que la politique de spécialisation régionale de l’UE tienne ses promesses

Recherche et développement: pas sûr que la politique de spécialisation régionale de l’UE tienne ses promesses
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Recherche et développement: pas sûr que la politique de spécialisation régionale de l’UE tienne ses promesses

  • Plus de 70 milliards d’euros destinés à stimuler la R&D dans les régions européennes sur la période 2014‑2027
  • Les stratégies d’innovation définies au niveau régional ne correspondent pas forcément aux priorités de l’UE
  • Le succès de l’approche de spécialisation intelligente n’a jamais été clairement évalué

Quinze ans après le lancement des stratégies de spécialisation intelligente dans les régions européennes, il est toujours difficile de déterminer si elles atteignent leurs objectifs en matière de recherche et d’innovation. Telle est la principale observation formulée dans un document d’analyse de la Cour des comptes européenne. Les auditeurs mettent en évidence trois défis majeurs encore à surmonter: veiller à ce que les priorités fixées et financées soient pertinentes, promouvoir une coopération tangible entre les régions de l’UE et déterminer si la spécialisation intelligente joue réellement le rôle attendu.

La spécialisation intelligente est une approche de la politique d’innovation qui vise à mieux utiliser les fonds européens de cohésion en repérant les domaines de développement prometteurs. Concrètement, la spécialisation intelligente consiste, pour les régions, à établir des priorités d’investissement en fonction des points forts et des possibilités qui leur sont propres. Sans une stratégie de spécialisation intelligente, impossible d’obtenir un financement du Fonds européen de développement régional (FEDER), doté de 73,8 milliards d’euros pour la recherche et l’innovation sur la période 2014‑2027.

«La spécialisation intelligente aide les régions à concentrer leurs efforts sur les priorités qu’elles ont elles-mêmes choisies. Cependant, à l’heure où le budget européen est repensé, avec un nouvel élan donné à l’industrie et à la défense, peu d’efforts sont malheureusement consentis pour évaluer la valeur de ces priorités régionales et leur adéquation aux objectifs plus larges de l’UE», déclare Annemie Turtelboom, la Membre de la Cour responsable du document d’analyse. «Il est essentiel de concilier les approches descendantes et ascendantes, et de veiller à ce que les mesures mises en œuvre dans les régions soient conformes aux décisions prises au niveau de l’UE. Faute de quoi nous échouerons purement et simplement à garantir une utilisation plus stratégique et plus efficace des fonds européens.»

Les auditeurs sont d’avis que le processus de spécialisation intelligente ne fait pas, à l’heure actuelle, l’objet d’une surveillance appropriée. Cela signifie que les priorités régionales peuvent ne pas être alignées sur des priorités européennes telles que la production de batteries, de microprocesseurs et d’hydrogène voulue par la politique industrielle. En réalité, la Commission européenne ne joue aucun rôle dans l’évaluation ou dans l’orientation du choix des priorités régionales. En conséquence, ces priorités et les objectifs d’innovation à l’échelle de l’UE sont généralement mis en œuvre séparément, sans qu’il soit possible de s’assurer qu’ils s’articulent de manière efficace.

La collaboration interrégionale peut contribuer largement à la réussite de la stratégie de spécialisation intelligente en permettant à chacune des régions de profiter de l’expérience des autres et d’avoir accès à de nouvelles ressources, compétences et connaissances. Cependant, de nombreuses régions européennes ne tirent toujours pas parti de cette possibilité. Pendant la période 2014‑2020, la collaboration interrégionale est restée en marge de la spécialisation intelligente, les programmes et les stratégies comprenant rarement des initiatives transfrontalières. Bien que, pour la période 2021‑2027, la priorité ait été accordée à la coopération interrégionale, le degré d’engagement continue à poser problème.

Depuis le début, le succès de la spécialisation intelligente a été difficile à mesurer, tant au niveau régional qu’à celui de l’UE. De fait, cette politique n’a fait l’objet d’aucune évaluation approfondie depuis sa mise en place en 2014. Il n’est donc pas évident de savoir si elle porte ses fruits. En d’autres termes, il est actuellement impossible de savoir si cette approche atteint ses objectifs, c’est-à-dire aider les régions à se spécialiser de manière intelligente et stratégique, ou si elle est simplement devenue une obligation de pure forme à satisfaire pour se procurer des fonds européens.

Informations générales

Bien que le concept de spécialisation intelligente ait fait son apparition au début des années 2000, il n’est devenu une condition préalable de l’accès au financement qu’au titre du cadre financier 2014‑2020, avant d’être ensuite été élevé au rang de condition favorisante pour la période 2021‑2027. Au cours de la période 2014‑2020, 185 stratégies de spécialisation intelligente ont été élaborées à travers l’UE, et plus de 170 stratégies sont répertoriées pour 2021‑2027.

Le document d’analyse 05/2025 «Les stratégies de spécialisation intelligente dans l’UE» est disponible sur le site internet de la Cour des comptes européenne. Contrairement à un rapport d’audit, un document d’analyse a une vocation descriptive et repose essentiellement sur des informations publiques.

Voir également le rapport spécial de 2022 sur les synergies entre Horizon 2020 et les Fonds structurels et d’investissement européens, dans lequel les auditeurs soulignaient que les pays de l’UE dépendaient à différents degrés du financement du FEDER en faveur de la recherche et de l’innovation.

Contact:

ECA press office: press@eca.europa.eu

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